( version italienne et espagnole en bas)
« Adrian Paci. Vies en
transit ». C’est le titre de l’exposition dédiée à l’artiste albanais
Adrian Paci, au Musée de Jeu de Paume à Paris. L’exposition, finissant le 12
mai, est la première exposition en France entièrement consacrée à Paci et raconte
comment une imagination peut traduire ses inquiétudes en utilisant plusieurs
formats.
C’est une salle obscure et un rayon de
soleil qui éclaire une église baroque, l’embrasse d’or d’une place sicilienne
qui dit bonjour au public dans la première salle du musée. On est à Scicli
(Ragusa), la ville choisie pour la vidéo « La Rencontre »
(2011). Devant les yeux bénissants
de Saint Barthélemy, Adrian Paci, ten smoking, serre la main à de messieurs et mesdames intrigués par cet artiste bizarre venu d’ailleurs.
C’est un accueil à la chaleur méditerranéenne qui hypnotise et invite à se
détendre sur la moquette du musée et à y rester afin de deviner la prochaine
grimace ou sourire à la révérence d’un vieil homme sicilien. Un écran
totalisant qui précède la dispersion d’images de la salle successive.
Il suffit d’avancer d’un pas, et une
dizaine d’écrans orientés différemment entourent le regard. Un foisonnement d'images transmet aux visiteurs l'idée d'un départ, plus ou moins définitif, toujours douloureux. En premier plan, c'est les pieds
des immigrés dans « Centro di Permanenza Temporanea » (2007). Après on s'arrête devant les caresses aux couleurs nuancées de « Last Gestures » (2009), qui annoncent le départ d’une jeune épouse de la maison de son père, jusqu’aux
larmes de « The Weeper » (2002) où c’est Paci en personne qui frappe
à la porte d’une pleureuse professionnelle pour
expérimenter le départ final. Il prend la place d'un mort, allongé sur un lit à côté de la pleureuse comme dans une veillée funèbre, dans une démarche qui rappelle Kafka et le surréalisme.
Centro di Permanenza Temporanea
« On vit dans l’incertitude de la
définition de l’art », déclare Paci, tout en hésitant entre la peinture,
sa première technique adoptée quand il étudiait à Milan, la photographie ou le film.
Né en Albanie en 1969, il arrive pour la première fois à Milan en 1992 grâce à
une bourse. Ensuite, il rentre dans son pays pour deux années, avant de
s’installer définitivement en Italie, en 1997, avec sa femme et sa fille.
« Rester à la frontière entre deux
identités séparées est un sentiment qui empreigne toutes mes vidéos »,
affirme-t-il dans une interview en expliquant aussi l’idée de « chez soi » en tant que
manque et absence. Ses personnages ont aussi des vies en transit : dans « Last Gestures », un long instant d’attente
sépare une caresse d’un regard, un œil qui pleure d’un sourire caché… comme si
on voulait toujours repousser le moment de l’adieu. Le décor c'est la scénographie de la maison de l’enfance, qui revient dans les œuvres de Paci depuis
ses premiers portraits, quand il prenait des photos aux immigrés devant la maison qu’ils avaient quittée. Ou encore dans « Centro di
Permanenza Temporanea », titre, ou plutôt oxymore, qui désigne une vidéo réalisée en 2007, décrivant cet espace suspendu où les immigrés attendent d'être renvoyés à leur pays ou échapper et
revenir à la clandestinité.
La dernière oeuvre de la salle,
« Inside the Circle » (2011), a été réalisée dans la campagne de la
région Friuli (Italie) pendant le séjour de Paci près de Rave Residency, un projet
de Isabella et Tiziana Pers (cette dernière est la protagoniste de la vidéo). Paci a été le premier
artiste à séjourner pendant un mois dans la campagne chère à Pasolini ; une
expérience prolongée dans les images et les toiles qui enrichissent l’exposition.
C’est à travers un itinéraire entre des
visages et des couleurs, et un slalom entre des télévisions qui émettent ses
premiers films, qu’on arrive aux deux derniers projections, cachées
entre les couloirs, au fond du musée.
Le premier, « Electric Blue »,
est l’exemple de comment arriver à créer un cinéma porno clandestin dans un
petit village albanais. Les images racontent les premiers pas d’un reporter de
guerre dans le monde des films porno. Pour gagner de l’argent, il enregistre
des coïts déchaînés sur les cassettes où il y avait ses reportages pendant la guerre en Kosovo. Une
contamination que l’on retrouve dans les contes que sa
petite fille enchaine en mêlant le folklore albanais et les souvenirs de la
guerre civile.
Réalisée exprès pour l’exposition à Paris,
« La colonne » décrit le voyage d’un morceau de
marbre transporté en bateau-usine à travers l’océan. Pendant la traversée, des
ouvriers chinois transforment le matériel en une colonne grecque. C’est la
métaphore d’une création née en transit, mais aussi la concrétisation de
l’économie contemporaine qui vise à optimiser l’argent et le temps.
La colonne aussi est arrivée à Paris et elle gît actuellement dans le
Jardin des Tuileries. Protagoniste de l’histoire, l’élégant morceau de marbre a
été victime du transport en se cassant justement au moment de l’arrivée au musée. Heureusement, Le
Louvre est juste à côte du Jeu de Paume et ses restaurateurs sont arrivés au
secours de la colonne malchanceuse.
Des imprévus d’une vie en transit.
_______________________________________________________________________
Versión española
Por Valeria Nicoletti (traducción de Andrea Burón)
‘Adrián Paci. Vidas en tránsito’ es el título de la primera exposición en Francia dedicada por completo al artista albanés Adrián Paci. La galería, que cierra sus puertas el próximo 12 de mayo, se encuentra en el museoJeu de Paume en París y cuenta cómo la imaginación puede traducir sus inquietudes a través de varias fórmulas.
_______________________________________________________________________
Versión española
Por Valeria Nicoletti (traducción de Andrea Burón)
‘Adrián Paci. Vidas en tránsito’ es el título de la primera exposición en Francia dedicada por completo al artista albanés Adrián Paci. La galería, que cierra sus puertas el próximo 12 de mayo, se encuentra en el museoJeu de Paume en París y cuenta cómo la imaginación puede traducir sus inquietudes a través de varias fórmulas.
Al comienzo de la misma, topamos con una sala oscura y un rayo de sol que ilumina una iglesia barroca, el abrazo dorado de una plaza siciliana que saluda al público en la primera parte de la visita. Estamos en Scicli (Ragusa), la Ciudad elegida para el vídeo ‘The Encounter’ (2011). Ante los ojos benditos de San Bartolomeo, Adriàn Paci, vestido con un elegante smoking, acoge a un montón de mujeres y hombres intrigados por este raro artista llegado de otra parte. Es una acogida con calor mediterráneo que hipnotiza e invita a detenerse sobre la moqueta del museo y a quedarse ahí para adivinar la siguiente mueca o sonrisa de la gente en el momento de la reverencia hacia un viejo hombre siciliano, como si fueran las imágenes precedentes a que veremos después.
Basta con avanzar un paso para que una decena de pantallas orientadas de manera distinta rodeen la mirada del espectador. En esta exposición, podremos ver pues desde los pies de los inmigrantes en ‘Centro di Permanenza Temporanea’ a las caricias de ‘Last Gestures’ (2009) -que representa con colores matizados la salida de una joven esposa de la casa de su padre-, pasando por las lágrimas de ‘The Weeper’ (2002), donde Paci en persona llama a la puerta de una llorona profesional* vestido como un muerto tumbándose a continuación sobre la cama, cuando en realidad es él quien se muere; una escena que nos recuerda sin duda a Kafka y al surrealismo.
« Vivimos en la incerteza de la definición del arte », declara Paci, dudando entre la pintura (su primera técnica adoptada cuando estudiaba en Milán), la fotografía y el vídeo. Nacido en Albania en 1969, llega por primera vez a Milán en 1992 gracias a una beca. Después de volver a su país durante dos años, decide instalarse definitivamente en Italia junto a su mujer y su hija en 1997.
« Quedarse en la frontera entre dos identidades separadas es un sentimiento que impregna todas mis imágenes », afirma el artista en una entrevista donde además explica cómo el concepto de ‘casa’ le trae a la mente las palabras ausencia, falta y exigencia. Pero sus personajes son también vidas en tránsito: ‘Last Gestures’, una película ralentizada que presenta una larga pausa separando una caricia de una mirada o un ojo que llora de una sonrisa escondida, como si quisiéramos alargar siempre el momento del adiós, siendo siempre el decorado la escenografía familiar de su casa de la infancia; y ‘Centro di Permanenza Temporanea’, título -o mejor dicho contradicción- de un duro filme dirigido en 2007, que describe ese espacio indefinido y suspendido donde los inmigrantes esperan a ser repatriados o, por el contrario, a escapar y volver a la clandestinidad.
El ultimo vídeo de la sala, ‘Inside the Circle’ (2011), fue filmado en el campo de la región de Friuli (Italia) durante la residencia de Paci en Rave Residency, un proyecto de Isabella y de Tiziana Pers (siendo esta última la protagonista del mismo). Paci fue el primer artista en vivir durante un mes en la adorada geografía de Pasolini: una experiencia que se prolonga en las imágenes y en los lienzos, inspirados en las películas del escritor, que enriquecen la exposición.
A través de un itinerario entre rostros y colores, y un slalom entre televisiones que retransmiten las primeras imágenes, llegamos a las dos últimas proyecciones escondidas en los pasillos del final del museo.
La primera, ‘Electric Blue’, es un ejemplo de cómo crear un cine porno clandestino en un pequeño pueblo albanés. Esta narra los primeros pasos de un reportero de guerra en el mundo de las películas pornográficas. Para ganar dinero, Paci filma coitos desenfrenados y los mezcla frecuentemente en sus reportajes durante la guerra de Kosovo, algo que encontramos en los cuentos de su hija pequeña, que encadena el folklore albanés con los recuerdos de la guerra civil.
Y finalmente, ‘La Colonne’, un vídeo grabado especialmente para la exposición de París que registra el viaje de un pedazo de mármol transportado en un barco por todo el océano. Durante la travesía, los obreros chinos transforman dicho material en una columna griega. Es la metáfora de una creación nacida en tránsito y, al mismo tiempo, la concretización de la economía contemporánea que quiere optimizar el dinero y el tiempo.
Dicen que la columna, que se encuentra actualmente en el Jardín de las Tullerías, se rompió a su llegada a París, pero por suerte, el Louvre está justo al lado del Jeu de Paume y sus restauradores llegaron a tiempo para socorrer la desafortunada columna.
Son imprevistos de una vida en tránsito.
_______________________________________________________________________
Versione italiana
di Valeria Nicoletti
di Valeria Nicoletti
Si chiude il 12 maggio l’esposizione monografica di Adrian Paci, artista e videomaker di origini albanesi, allestita nelle sale del museo Jeu de Paume a Parigi. La mostra, la prima in Francia interamente dedicata all’artista che oggi vive e lavora a Milano, raccoglie tutte le sue opere dal 1997 a oggi, esplorando le tante vite in transito di un’immaginazione in grado di tradurre in immagini e sequenze le proprie inquietudini.
Una sala buia e un raggio di sole riflesso nell’architettura barocca. È una piazza siciliana ad accogliere i visitatori, con il video “The Encounter”, realizzato nel 2011. Siamo a Scicli, in provincia di Ragusa, e davanti allo sguardo benedicente di San Bartolomeo, Paci, elegante in smoking, stringe la mano a una fila di signori onorati, donne curiose e bambini allegri, tutti desiderosi di salutare l’artista venuto da fuori. È un’accoglienza mediterranea che ipnotizza e quasi invita a stendersi sulla moquette della sala (e qualcuno non disdegna l’invito) a indovinare la prossima mozza, il cipiglio fiero del siciliano che stringe la mano e s’inchina. Uno schermo totalizzante che prepara alla frantumazione delle immagini nella sala successiva.
Basta un passo, infatti, e decine di schermi orientati in più direzioni circondano lo sguardo. Innumerevoli immagini in movimento che rimandano allo spettatore idee di partenze, abbandoni, addii. Dai piedi degli immigrati nel video “Centro di Permanenza Temporanea” alle carezze di “Last Gestures”, video del 2009 che ritrae con colori sfumati gli ultimi momenti di una giovane sposa nella casa dei suoi genitori fino alle lacrime di “The Weeper”, realizzato nel 2002, dove lo stesso Paci bussa alla porta di una prefica e si veste da morto per essere compianto, estrema dipartita, dove è l’artista che, inseguendo una suggestione kafkiana, decide di lasciare la scena.
“Viviamo tutti nell’incertezza della definizione dell’arte”, ha dichiarato Paci, quasi esitando a scegliere tra la pittura, prima tecnica, dai tempi in cui studiava arte e liturgia all’Istituto del Beato Angelico a Milano, la fotografia e il video. Nato a Scutari, nel 1969, fuggito dall’Albania, Paci è arrivato per la prima volta a Milano nel 1992 con una borsa di studio. Ritorna nel suo paese ma solo per breve tempo decidendo di stabilirsi a Milano definitivamente nel 1997, con la moglie e la figlia.
“Essere sempre davanti a un bivio, alla frontiera fra due identità separate, è un sentimento che sta alla base di tutti i miei video e film”, ha dichiarato in un’intervista Paci, commentando l’idea di casa come assenza, caricata dal sentimento del bisogno, della mancanza. I suoi personaggi hanno anch’essi vite in transito, sono esseri divisi a metà: in “Last Gestures”, a metà tra movimento e fermo immagine, un lunghissimo secondo d’attesa passa tra una carezza e uno sguardo, tra un occhio lucido nascosto e un sorriso abbozzato, come per rimanere sempre sulla soglia e rimandare l’attimo irreversibile della dipartita. Sullo sfondo, uno scenario familiare, la casa di una vita, la scenografia dell’infanzia e dell’adolescenza, retaggio dei suoi primi ritratti in cui Paci immortalava i fuggiaschi di fronte alle case che questi avevano abbandonato. O ancora come in “Centro di Permanenza Temporanea”, un ossimoro didascalico e concreto per un video crudo, realizzato nel 2007, che racconta di quella zona grigia, ancora una volta sospesa tra il tempo e lo spazio, vissuta dagli immigrati trattenuti nei centri di soggiorno in attesa di essere espulsi o di riuscire a scappare per approdare nel limbo della clandestinità.
L’ultimo video della sala “Inside the Circle” (2011) è stato realizzato nella campagna friulana durante il soggiorno di Paci presso RAVE Residency, progetto ideato da Isabella e Tiziana Pers (quest’ultima protagonista del video). Paci è stato il primo artista a soggiornare per un mese nelle terre care a Pasolini, nel 2011. Un’esperienza che si riflette nel video, affetto da una sospensione cronica di spazio e tempo, e nelle pitture ispirate ai film di Pasolini che corredano la mostra.
È attraverso un itinerario tra i volti e i colori di pasoliniana memoria, fotogrammi realizzati in tempera, uno slalom tra un gruppo di televisori sparuti che trasmettono i primi video dell’artista, che si arriva agli ultimi due lavori, nascosti in fondo ai corridoi del museo.
Il primo è “Electric Blue”, o di come nasce un cinema porno clandestino in un villaggio dell’Albania, racconta i primi passi di un video-reporter di guerra nel mondo dei film a luci rosse, quando, per mancanza di altri supporti, registra amplessi sfrenati sulle scene di morte della guerra in Kosovo. Una contaminazione già presente in“Albanian Stories”, dove Paci registra sua figlia mentre la piccola mescola i ricordi del conflitto al folklore albanese.
Il video “The Column”, infine, concepito appositamente per la mostra parigina, racconta la genesi di una colonna, a partire da un semplice pezzo di marmo. Metafora di una creazione nata in uno spazio di transito, la colonna è anche il tramite tra Oriente e Occidente, la concretizzazione dei tempi dell’economia contemporanea, che necessitano di ottimizzare costi e spazi e utilizzano i battelli non solo come mezzi di trasporto ma anche come fabbriche.
La stessa colonna, insieme al video, è giunta a Parigi, dove è esposta nel giardino delle Tuileries, accanto al museo. Protagonista della storia, l’elegante pezzo di marmo, sopravvissuto all’oceano, è stato vittima del trasporto e ha subito un danno rilevante nel momento in cui è approdato a Parigi. Per fortuna, a poche centinaia di metri dal Museo de Jeu de Paume, c’è il Louvre i cui restauratori sono accorsi in aiuto alla colonna.
Inconvenienti da una vita in transito.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire