de Valeria Nicoletti
( version espagnole et italienne en bas )
( version espagnole et italienne en bas )
C’est un après-midi de pluie à Paris. Même le quartier riche en or de Opéra
est gris dans une ville coincée par le mauvais temps. C’est ici qu’on rencontre
Aneta et Felik, elle polonaise, lui malaisien, auteurs du blog Street Fashion Paris by two lonely swans un recueil de clichés de Paris aux commentaires caustiques
sur la routine dans la capitale française.

Aneta et Felik
« Chaque jour, dans la rue, il y a des possibilités infinies
», chaque instant c’est un cliché potentiel. « Je suis content quand
j’arrive à prendre en photo une histoire ». C’est Felik qui parle, l’auteur des photographies et des vidéo. Il a
étudié à l’International Film School de Paris, « la seule qui m’a
accepté », dit-il en riant, « et l’un des seuls endroits dans la ville
où on peut survivre même sans parler français ». Aujourd’hui, il travaille
en tant que vidéaste free-lance.
Parmi les sujets préférés de Felik, il y a sans doute Aneta. C’est elle qui
écrit les textes du blog. « J’avais
pas l’intention de créer le classique blog fashion », dit-elle, « où
je montre le dernier sac de Zara ou comment je suis une très jolie fille hipster,
mais un site internet à mi-chemin entre la mode et la photographie et aussi un lieu où je
peux montrer mes créations ».
La première vidéo de Aneta et Felik
Aneta vend en effet une collection de vêtements créée par elle-même. Elle le fait en ligne, mais aussi dans certaines boutiques en Californie et en Malaisie. Une fois arrivée à paris, elle a cherché un travail dans le domaine de la mode, mais elle n'est tombée que sur des propositions des stages mal payés ou sur des bénévolats. « Je parle anglais, polonais et espagnol, mais à Paris t'arrives pas à travailler sans le français », explique-t-elle, en racontant ses soirées passées avec un dvd pour apprendre à dire au moins « Je m'appelle Aneta et je suis polonaise ». Pourtant, « si j'avais envie d'une vie facile, je serais restée dans mon petit village en Pologne », confirme-t-elle. « C'était mon choix de venir à Paris ».
Aneta et Felik se sont rencontrés en Virginie aux Etats-Unis. A cause du
visa, ils sont rentrés en Malaisie, à Kuala Lumpur, où Aneta a commencé à
produire sa collection de mode, en utilisant de matériels de là-bas. Après un
an, la décision de revenir en Europe, à Paris.
Pourquoi “two lonely swans”?
Tout naît d’un meme. « C’est l’histoire de ma vie », rigole
Aneta. « De retour des Etats-Unis, j’en pouvais plus de cet élan de
positivité à tout prix, de cette pression qui nous poussait à être créatifs, positifs et dynamiques tout le temps. Je préfère me
considérer comme un petit cygne ou un petit canard, tout seul »,
explique-t-elle, tandis que Felik nous révèle que là il s’agit d’un humour tout
polonais, presque hermétique. « Je veux présenter Paris tel qu’il est,
avec ses différences », continue-t-elle, « la plus part des fashion
blog ne font que présenter la meilleur partie de la ville et ils offrent une
perception tout à fait irréelle du street style ».
Toute une section de leur blog est dédiée à celle que l’on appelle Syndrome
de Paris. Selon Wikipedia, cette syndrome, décrite par les psychiatres de
l’Hôtel Dieu, « toucherait plus particulièrement les touristes japonais
qui, désemparés par l’écart entre la réalité et leur vision idéalisée de la
ville, […], se retrouvent désillusionnés et déstabilisés par le fossé culturel
entre la France réelle et l’image qu’on s’en fait au Japon ». Malgré cette
description scientifique, aujourd’hui ces symptômes sont propres des jeunes
rêveurs de l’Europe du Nord. « Ils arrivent et ils se lâchent dans un
‘ce n'est pas comme je me l’attendais, j’aime pas !’ », dit Aneta.
Par contre, Aneta et Felik ont l’air d’avoir trouvé leur petite place à
eux dans Paris. Ou mieux, un peu plus loin, à Le Pré-Saint-Gervais, dans la
banlieue. Comme tout jeune qui débarque sur la capitale, ils ont aussi expérimenté
les difficultés de la recherche d’un appartement à Paris. « Avant on
vivait dans un appartement de 15 mètres carrés, maintenant on a 30 mètres mais
on a de l'humidité partout ! ».
« J’aime bien Belleville », répond Felik quand on lui demande
quel est son arrondissement préféré, « parce qu’il y a de la nourriture moins
chère et parce qu’il reste populaire mais cool ». Pour Aneta, les
endroits les plus beaux sont Saint-Michel et les Champs-Elysées, « un
plaisir pour les yeux ». Mais est-ce que Paris, avec son élégance éparpillée
à tout coin de la rue, ne demande-t-il pas trop ? Est-ce que cette ville ne met
pas de la pression en étant toujours aussi belle ? De vivre dans un endroit où le bonheur semble possible, comme disait Cioran, n'est-il pas trop dangereux ? « Moi, je suis
polonaise, je suis toujours déprimée, donc ça va », tranche Aneta.
La nouvelle vidéo : "Je ne veux pas travailler"
« Paris n’est pas tellement différent par rapport aux autres villes où j’ai vécu », continue-t-elle. « Quand j’étais en Pologne, tout le monde avait des rêves ; on se considérait comme des jeunes promesses qui luttaient pour leurs ambitions ». A Paris, par contre, tout le monde le fait. « Dans cette ville tout le monde veut être un acteur, mais personne un spectateur », raconte-elle. On apprend à se sentir ordinaire, juste quelqu’un dans la foule, avec ses désirs et le loyer à payer à la fin du fois. Mais, sur le décor, il nous reste Paris. Et, pour l’instant, cela nous suffit.
____________________________________________________________________________
Versión española
Por Valeria Nicoletti (traducción de Andrea Burón)
Es una tarde lluviosa en París y hasta el barrio
dorado de Ópera está gris en una ciudad atrapada en el mal tiempo. Ahí tuvo
lugar nuestro encuentro con Aneta (Polonia) y Felik (Malasia): los autores
del blog Street Fashion Paris by twolonely swans, un hervidero de comentarios sobre clichés parisinos.
« Cada día hay
posibilidades infinitas en la calle, cada instante es un cliché potencial.
Estoy contento cuando de una historia hago una foto », dice Felik, el
autor de las fotos y los vídeos del blog. El estudió en el International Film School de París, « el único que me
acepto », nos confiesa entre risas. Actualmente, trabaja como freelance grabando y montando vídeos.
Entre los temas preferidos
de Felik está sin duda Aneta, la cual se encarga de escribir los textos.
« No quería crear el típico blog de moda donde enseñara el último bolso de
Zara o donde mostrara a todos que soy una chica mona y hipster, sino un lugar en Internet a medio camino entre la moda y
la fotografía donde pudiera enseñar mis creaciones », afirma Aneta.
En realidad, esta chica
polaca se dedica a vender ropa de una colección que ella misma ha creado. Lo
hace en línea y en algunas tiendas de California y Malasia. Cuando llegó a París,
buscó trabajo en el mundo de la moda, pero solo le propusieron prácticas mal o
no remuneradas. « Hablo inglés, polaco y español, pero en París no puedes
trabajar sin saber francés », recuerda contando cómo pasaba las noches
aprendiendo a decir « me llamo Aneta » en este idioma con la ayuda de
un DVD. Sin embargo, también nos explica que « si hubiera querido una vida
fácil, me hubiera quedado en mi pequeño pueblo de Polonia ». « Venir
a Paris fue una decisión mía », añade.
Aneta y Felik se conocieron en Virginia, Estados
Unidos. Pero por culpa del visado, tuvieron que volver a Kuala Lumpur
(Malasia), donde ella empezó a producir su colección de ropa usando materiales
del país. Un año después, tomaron la decisión de volver a Europa, concretamente
a París.
¿Por qué « dos
cisnes solitarios »?
« Es la historia de mi vida », señala Aneta
sonriente. « Me cansé del positivismo que hay en Estados Unidos, donde todo te
empuja a ser creativo, dinámico… yo quería estar un poco más tranquila, en mi
espacio. Me considero más bien un pequeño cisne o un pato »,
dice mientras Felik nos revela que se trata de un humor típico de los polacos,
casi hermético. « Quiero mostrar París tal y como es, con sus diferencias
sociales, sus contradicciones… », sigue ella.
« La mayoría de los bloggers de
moda solo presentan la mejor cara de la ciudad ofreciendo una percepción
completamente irreal del street style ».
Toda una parte de su blog está dedicada al llamado ‘Síndrome
de París’. Según Wikipedia, este síndrome, descrito por los psiquiatras del Hotel Dieu, « afectaría sobre todo
a los turistas japoneses, desamparados por la diferencia entre la realidad y su
visión idealista de la ciudad (…) Se encuentran desilusionados y
desestabilizados por la distinción entre Francia y la imagen que se hacen de
ella en Japón ». A pesar de esta descripción científica, estos síntomas son ahora
propios de jóvenes soñadores procedentes de Europa del Norte. « Llegan aquí
y confirman que no era lo que esperaban, que no les gusta », sostiene
Aneta.
Esta pareja de bloggers, en cambio, parece haber
encontrado su sitio en París. O mejor dicho, a las afueras, en Le Pré-Saint-Gervais. Como todo joven
que llega a una capital, ellos también han experimentado las dificultades que suponen
buscar un apartamento: « antes vivíamos en un piso de 15m cuadrados;
ahora, tenemos uno de 30, pero está lleno de humedades ».
« Me gusta mucho Belleville », responde
Felik cuando le preguntamos sobre su departamento preferido de la ciudad
de las luces: « hay comida barata y es popular y cool a la vez ». Para Aneta, los lugares más bonitos son
Saint-Michel y los Campos Elíseos, « un placer para los ojos ». Pero
¿acaso esta ciudad, cuya elegancia se extiende por todas las esquinas, no pide
mucho a cambio ? ¿Acaso no presiona siendo siempre tan bella ?
« Yo soy polaca y estoy todo el día deprimida, así que estoy acostumbrada »,
afirma Aneta.
« París no es tan distinto a las otras ciudades
donde he vivido », añade. « Cuando estaba en mi país, todo el mundo tenía
sueños; nos considerábamos jóvenes promesas que luchaban por sus
ambiciones », nos cuenta. En París, en cambio, todo el mundo lo hace.
« En esta ciudad –continúa Aneta- todos quieren ser actores, pero nadie
quiere ser espectador ». Aprendemos a ser ordinarios, alguien entre las
masas, con nuestros deseos y un apartamento que pagar a final de mes. Pero en toda
esta historia, nos queda Paris. Y con eso nos basta.
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
Versione italiana
di Valeria Nicoletti
di Valeria Nicoletti
È un piovoso mercoledì
di aprile. Perfino il quartiere dorato di Opéra è grigio in una Parigi
assediata dal maltempo. È qui che incontriamo Aneta e Felik, lei polacca, lui
malese, anima, mente e sarcasmo tagliente, dietro il blog Street fashion Paris by two lonely swans, una collana di splendide istantanee di
Parigi, condite da commenti in salsa agrodolce sulla routine nella capitale
francese.
“Ogni giorno per
strada ci sono infinite possibilità”, ogni momento è uno scatto potenziale.
“Sono contento quando riesco a catturare un istante”, racconta Felik,
autore delle fotografie. Felik ha studiato all'International Film School di Parigi, “l’unica scuola che mi ha accettato”,
ride, “e uno dei pochi posti della città dove non è necessario conoscere il
francese”. Oggi lavora come free-lance, realizzando video.
Tra i soggetti preferiti
di Felik, c’è Aneta, ideatrice delle loro peregrinazioni nella
capitale, autrice dei testi e mente del blog. “Non volevo creare il solito
fashion blog”, racconta Aneta, “dove mostro l’ultima borsa di Zara
dandomi arie da hipster, ma un sito che unisse moda e fotografia e dove
mostrare anche le mie creazioni”.
Aneta ha infatti creato
una sua collezione di abiti, che vende on-line e in
boutique americane e malesi e, una volta a Parigi, ha tentato di trovare un
lavoro nell’ambito della moda imbattendosi in una sequela di proposte di stage
non retribuiti o volontariato. “Io parlo inglese, polacco, spagnolo, ma a
Parigi senza francese non riesci a trovare un lavoro”, conferma Aneta,
raccontando di serate passate in compagnia dei dvd di lingua francese a
ripetere: “Bonjour, je m’appelle Aneta, je suis polonaise”. Tuttavia, “se
avessi voluto una vita facile, sarei rimasta nel mio villaggio”, dice
Aneta, “è stata una mia scelta quella di venire a Parigi”.
Aneta e Felik si sono
conosciuti in Virginia negli Stati Uniti. Per
problemi di visto, sono tornati in Malesia, a Kuala Lumpur, dove
Aneta ha cominciato a produrre la sua collezione di vestiti, con materiali del
luogo. Dopo un anno, la decisione di trasferirsi di nuovo in Europa, a Parigi.
Perché “two lonely
swans”?
Tutto nasce da un meme.
“È la storia della mia vita”, scherza Aneta. “Di ritorno dagli Stati
Uniti, non ne potevo più di tutto questo slancio di positivismo: ‘devi essere
creativo, dinamico, fresco’; preferisco pensarmi come un anatroccolo, anche un
cigno, ma solo”, commenta. “Quello che voglio è presentare Parigi
davvero così com’è”, continua Aneta, “la maggior parte dei fashion blog
pubblica una versione piuttosto irreale della vera moda di strada”.
Tutta una sezione del
loro blog è dedicata alla cosiddetta Sindrome di Parigi. Secondo
Wikipedia, la sindrome, almeno da quanto risulta dalle descrizioni degli
psichiatri dell’Hôtel Dieu, sarebbe “un disagio derivante dalla differenza
tra la visione idealizzata della capitale francese […] e l’effettiva visione
[…] durante il soggiorno nella città”. Tali sintomi, secondo la tradizione,
sono stati attribuiti solo ai turisti giapponesi. Tuttavia, oggi, sembrano
appannaggio di un afflusso scandinavo di giovani sognatori nella capitale
francese “Arrivano qua e si stupiscono: ‘ma è orribile? Non era come me lo
aspettavo!’”, scherza Aneta.
Aneta e Felik sembrano
aver trovato il loro posto nella capitale. Anzi, un po’ oltre, a Le
Pré-Saint-Gervais, in periferia. Anche loro due, come ogni giovane avventuriero
che s’imbarca nell’impresa di trovare un alloggio, hanno sperimentato sulla
propria pelle le difficoltà del cercare casa a Parigi. “Vivevamo in un
appartamento di 15 metri quadri, ora ne abbiamo trovato uno di 30 che
condividiamo in due”, raccontano, “ma abbiamo l’umidità sulle pareti!”,
commentano, a proposito dei funghi che infestano la casa e popolano anche le
pagine del blog.
“Mi piace Belleville”,
risponde senza esitazioni Felik, quando gli chiediamo qual è il suo quartiere
preferito, “perché c’è il cibo più economico e perché rimane popolare pur
essendo cool”. Per Aneta, i quartieri più belli sono Saint-Michel e, senza
dubbio, gli Champs-Elysées, "un piacere per gli occhi". Ma
tanta ricchezza non sarà anche una fonte non trascurabile di pressione? Sarà
vero che Parigi incute un certo timore reverenziale? E vivere in un posto dove
la felicità sembra possibile, come diceva Cioran, non conduce a un'inevitabile
tristezza? “Io sono polacca, sono sempre depressa, quindi per me non cambia
niente”, tronca netto Aneta.
“Parigi non è poi
così diversa dalle altre grandi città in cui ho vissuto”, commenta Aneta,
che non crede al sogno della Ville Lumière. “Quando ero in Polonia,
all’università, tutti avevamo un sogno e lottare per realizzare i nostri
desideri ci faceva sentire speciali”. A Parigi, combattere per realizzare i
propri desideri è lo status più ordinario. "Qui sono tutti attori,
nessuno si contenta di essere un semplice spettatore", conclude Aneta.
Lo scontro diventa quotidiano e si impara semplicemente a essere uno tra i
tanti, con le proprie ambizioni e con l’affitto da pagare alla fine del mese.
Ma, sullo sfondo, resta Parigi. E, almeno per adesso, questo è abbastanza.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire